Reconstitution d’un habitat traditionnel lyele à Reo
L’ethnie Lyele se situe dans la province actuelle du Sanguié ; elle fait partie du groupe ethnique des Gourounsi.
La géo-ethnologie que propose Blaise BAYILI montre que les Lyéla occupent un ensemble de villages formant une aire culturelle appelée le Lyόlό « Pays des Lyéla, qui comprend les sous-préfectures de Didyr, Tenado, kordier et la préfecture de Réo »[1] Du même point de vue, Alphonse BAKYONO souligne que le pays lyéla s’étend sur les villes de Réo et de Tenado et sur les arrondissements de Didyr et de Kordié[2].
[1]Blaise BAYILI, 1998, Religion, Droit et Pouvoir au Burkina Faso : Les Lyélae du Burkina Faso, paris :ed. l’Harmattan, P 15.
[2] Alphonse BAKYONO , 1983, L’évangélisation du pays Lela de 1912 à 1947, Mémoire de Maîtrise, Université de Ouagadougou P 13.
Instruments de musique traditionnels, musée Da-Do
Le coin cuisine dans un habitat traditionnel, Reo
Le Lyόlό est situé dans la région du Centre-Ouest, plus précisément dans la province du Sanguié. Cette zone occupe une partie importante du territoire national avec une superficie de 5.178 Km2 dont le chef-lieu est la ville de Réo. Les Lyéla constituent un sous-groupe gourounsi auquel on inclut les Sissala, les Kasena,les kô etc. Les limites du peuplement s’annoncent avec :
– Les pays Mosse à l’Est et au Nord (Koudougou et Yako)
– Les Samo au Nord-Ouest (Tougan)
– Les Nounouma à l’Ouest au-delà du Mouhoun
– Au Sud nous avons les Nébwa[1] une autre famille [2].
[1] Nébwa : la population qui constitue la partie Sud du cercle de Ténado qui (se) distingue des traits culturels et linguistiques proche des Lyéla.
[2] Centre National des Archives du Burkina, Carton 27V69-70, série 27V69, Cercle de Réo 1970, lettre du commandant de cercle de Réo à Monsieur le ministre de l’Intérieur et de la Sécurité.
C’est une limite à la fois linguistique, culturelle et ethnique. En se basant sur l’analyse de Pierre BAMONY le Lyόlό s’appelle ainsi la province du Sanguié. ‘’La capitale’’ de cette province est Réo. Le choix de cette ville correspond à l’histoire politique du peuple lyel sous la colonisation[1].Ce cadre géographique et culturel qui est le Lyόlό, est une partie du territoire gourounsi majoritairement peuplé des Lyéla. De par son organisation socio-politique, elle est classée parmi les sociétés à organisation sans pouvoir centralisé. Chez les lyéla, le village constituait l’entité politique, économique et sociale la plus élevée de la société. BAYILI Emmanuel présente le village sur le fait qu’il se regroupait sur la base d’une organisation patrilinéaire et patrilocale, un nombre plus au moins élevé de clans structurés chacun en groupement lignagers puis en enclos familiaux. .
[1] Pierre BAMONY,2009, Des pouvoirs réels du sorcier africain : forces surnaturelles et autorités sociopolitiques chez les Lyéla du Burkina Faso, Paris : ed. l’Harmattan, P 28.
Intérieur d’un habitat traditionnel Reo
Musée Da-Do, la batterie de cuisine de la mère de famille
L’organisation des Lyéla dans le village s’articule autour du rôle que joue le chef de terre.
Les chefs de terre sont généralement les premiers arrivant sur un espace. A la tête de chaque village se trouve un chef de terre dont la fonction est de régler tout problème lié à la terre.
Cette société des Lyéla est régie par des valeurs culturelles qui se manifestent à travers des pratiques rituelles, des croyances, des symboles, des créations et représentations dans lesquelles chacun peut se reconnaitre. Ces valeurs, comme celles des autres sociétés de l’Afrique depuis la colonisation et la pénétration des religions révélées, connaissent de grandes mutations.
Extrait des travaux de Paul Ulrich Negagnès Bationo,2023, « Influences des religions révélées sur les rites funéraires et le mariage chez les Lyéla (1900-1980) », mémoire de master,
Département d’histoire et archéologie, Université Norbert Zongo,132 P.
Courriel : bationoulrich30@gmail.com
Photos A. Chalamon. Musée Da-Do et reconstitution d’un habitat lyele à Reo