La jeune fille bannie chez les Nyonyonce

L’ethnie Nyonyonce se confond souvent avec les Mosse, ils ont pourtant leur culture propre. On trouve les Nyonyonce dans le secteur de Guilongo, Makougda, Touili, Ziniare.

Voici un aspect de cette tradition, concernant la jeune fille bannie et son éventuelle réintégration.

En général, une jeune fille nyonyonga née dans la lignée des Sawadogo (Nyonyonce) promise à une famille doit se préserver et ne doit pas fréquenter n’importe quelle autre ethnie.
Elle doit en outre s’abstenir de toute relation sexuelle hors mariage. Lorsqu’elle est en âge de se marier, les parents donnent un poulet au fétiche d ela famille qui donnera une réponse positive ou négative sur son prétendant, c’est à dire si elle peut s’unir ou non au jeune homme. La jeune fille doit se conformer aux dire des fétiches de la famille.

Si toutefois, elle refuse d’aller chez son futur mari, elle est bannie. Elle est également bannie si elle s’enfuit du village et ne revient pas chez son mari ou bien si elle s’enfuit avec un autre homme.

Le bannissement d’une jeune fille a des conséquences graves : elle n’a plus accès à aucun membre de la famille. Si jamais un membre de la famille paternelle prenait le risque de la recevoir et même de lui donner ne serait-ce qu’une calebasse d’eau, la jeune fille va mourir.

Voici le témoignage de Rimmanegré, une jeune fille nyonyonga de la région de Bourom, ressortissant de Retkouilga.

Cette jeune fille avait été promise en mariage dans une famille mais elle aurait été enlevée par un enseignant de la région. Le chef de Bouroum Naaba a été informé mais a tenu des propos étrange, affirmant qu’il ne pouvait « rien faire à cela ».

La population nyonyonga en colère aurait envoyé un vent violent soulever les toits de l’école où travaillait l’enseignant, et balancer violemment ces tôles  dans la concession de la famille du chef de Bouroum. Dépassé par les évènements, le chef a donné l’ordre de faire ce qu’il pouvait pour récupérer la jeune fille. L’enseignant au regard de ces menaces aurait ramené la fille.

Une fois que cette jeune fille a accepté de retourner auprès de son mari, tout le village a organisé les cérémonies et réintégration de la jeune fille en famille en suivant les rites du fétiche. Ainsi on envoie les petits fils avec un poulet pour demander pardon et elle peut ainsi réintégrer sa famille et rejoindre son mari.

 

Il existe d’autres cas de bannissement, oudre le cas du refus d’un mariage forcé.

Pour les cas de bannissement pour cause de grossesse hors mariage, on attendra l’accouchement avant que les tantes et petits fils entament des démarches pour sa réintégration. Le cérémonial de réintégration varie suivant les traditions.
Pour les cas d’inceste en général, les chances de réintégration de la jeune fille dans la cellule familiale sont quasi nulles.

Il existe des cas de bannissement d’hommes (ce qui reste rare). Les causes sont toujours les mêmes : entretenir des relations avec la femme de son père, de ses oncles ou de ses frères. Et là il n’y a aucun processus de réintégration possible. La décision est irrévocable.

(Mariam Wendlamita)