Préparer et gérer sa mission

Toute mission au Burkina Faso, si courte soit-elle, doit faire l’objet d’une préparation minutieuse au risque de perdre beaucoup et temps …. et donc d’argent !

Voici quelques conseils pour mener à bien ses projets.

 

PREPARER SA MISSION

Il est indispensable de suivre régulièrement un projet. Tout comme il est important que sur place – au Burkina Faso – les gens puissent voir que le projet est suivi de près. Cela évite une gestion approximative et la perte de matériel.

Le suivi financier doit être extrêmement rigoureux avec pièces comptables à l’appui (plusieurs devis, négociations, paiements en plusieurs tranches, factures..). La loi burkinabè est quasiment la même qu’en France (y compris pour les associations de droit burkinabè) ; il est donc possible de se procurer des deux, des reçus et des factures en bonne et due forme, même si certains vous feront croire qu’il n’est pas possible d’établir le moindre papier.

Il faut parfois insister lourdement pour avoir ces pièces comptables ; aussi faut-il prendre des garanties avant d’entamer les travaux et ne solder les paiements qu’après avoir reçu toutes les factures détaillées (et non pas la copie rebaptisée du devis), après également avoir vérifié la qualité des travaux.
Si l’association a de bons partenaires sur place, il faut travailler ces devis ensemble. Les réalités ne sont pas les mêmes d’un pays à l’autre.

Ce suivi est indispensable pour une comptabilité impeccable de l’association en France, à la fois pour une crédibilité vis à vis des membres de l’association qui vous réclamera tôt ou tard des comptes mais également une crédibilité au Burkina Faso.

L’association doit agir comme si elle était une entreprise, avec toutes les garanties que peut exiger une entreprise. Les états d’âme personnels n’ont rien à faire dans ce type d’action. Si l’association n’a pas de compétence  dans un domaine dans lequel elle veut se lancer (forage, construction de bâtiments, pose de panneaux photovoltaïques..) elle doit absolument se renseigner auprès d’autres associations (française et burkinabè) qui ont déjà travaillé sur des chantiers analogues afin de se partager bons conseils et bonnes adresses. D’autres contacts peuvent être pris auprès d’ONG spécialisées comme Ingérieurs sans frontières, Hydraulique sans frontières, électriciens sans frontières etc…

MISSIONS COURTES

Les associations partent souvent pour des missions courtes afin de vérifier sur place l’avancée d’un projet ; en moyenne une dizaine de jours par an.

Il est indispensable d’aller une fois par an au minimum pour se rendre compte de la réalité d’un projet en cours. Il est difficile de tout suivre à distance malgré toute la confiance que l’on peut avoir envers le correspondant ou le partenaire.Difficile de comprendre les problèmes et pourquoi le projet avance mal ou pas du tout.

Ces missions sont importantes également pour que l’association française ne perde pas le foil avec les réalités du Burkina Faso. Cela permet de nourrir les liens, voire d’emmener de nouveaux membres de l’association qui ne sont jamais allés au Burkina Faso.

Malheureusement ces voyages coûtent chers. Ces voyages sont la plupart du temps à a charge des adhérents (tout comme les vaccins, le visa…). La brièveté du séjour sur place empêche de suivre de très près les réalités du projet, chercher et trouver des solutions autres que celles préconisées, aller voir des personnes compétentes pour demander conseil. C’est un voyage éclair souvent insuffisant pour une véritable efficacité.

Ces associations jonglent souvent avec un budget très serré et on peut noter que nombre d’entre elles n’y vont plus que tous les deux ans ; ce qui est totalement insuffisant pour un bon suivi.

Ce budget serré empêche de trouver ou chercher d’autres solutions en cas de problèmes, au risque de décourager l’association. Pourtant il y aurait d’autres idées.

Chercher d’autres associations qui travaillent dans le même secteur et se partager le travail. Lorsqu’une association se rend sur place, elle en profite pour visiter le chantier de l’autre association afin de mieux suivre le chantier – parfois avec un regard neuf – et analyser ensemble les problèmes rencontrés, amener ou ramener un dossier, prendre des photos etc… à charge de revanche lorsque la première association se rend sur place à son tour.

Chercher sur place une petite société qui pourrait faire ce travail de surveillance à la place de l’association. Les associations sont souvent réticentes à employer ces sociétés rivées ; c’est un tort ! Ces sociétés sont sur place, elles connaissent leur métier et possèdent des solutions souvent inconnues des associations françaises. Elles connaissent les lois du pays et il suffit de faire le calcul des dépenses occasionnées pour s’apercevoir que ce système est parfaitement rentable (prix des billets d’avion, prix des visas, prix des vaccins, cadeaux à amener, majoration des prix d’un chantier qui n’a pas été suivi etc…).

Dans le même ordre d’idées ; il existe des vérificateurs de travaux, soit indépendants, soit salariés d’une entreprise, que vous allez payer simplement pour aller vérifier la bonne avancée des travaux.

Tout dépend des besoins de l’association.

PARTIR POUR LA PREMIERE FOIS

Un groupe veut partir pour le Burkina Faso avec un projet en poche ou bien donner un coup de main quelconque mais sans que personne n’ait jamais mis les pieds au Burkina Faso. Il est indispensable de bien préparer son voyage.

La préparation matérielle : elle ne pose guère de problème mais il ne faut rien oublier (bisa, vaccins, billets, conditions d’entrée, matériel) mais il est mieux de consulter les sites de conseils ou prendre contact avec une association qui se rend souvent au Burkina Faso.

La préparation « morale ». Se documenter sur le pays à travers des sites, des guides mais surtout prendre contact avec une personne ou association habituée à se rendre au Burkina Faso et la rencontrer plusieurs fois : suivant les endroits où on se rend, comment s’habiller, quoi amener comme cadeaux, la nourriture, les habitudes, les horaires, la santé, les bonnes adresses… en bref se préparer l’esprit au voyage. Sur place l’association gagnera beaucoup de temps et l’adaptation se fera plus rapidement.

Une fois tous les préparatifs établis, il faut faire une feuille de rouge (un programme) : définir les objectifs précis de la mission et se partager le travail au sein de l’équipe qui se rend sur place. Prendre les rendez-vous à l’avance (tout en sachant qu’il y a toujours des impondérables une fois sur place), définir le travail et le matériel utile, rendre tous les numéros de téléphone, vérifier si les personnes à rencontrer seront présentes sur place (sans hésiter à appeler plusieurs fois).
Même si le programme sur place subira les aléas d’une mission humanitaire en Afrique, cela permet de centrer la finalité de la mission.

MISSION LONGUE

Ces missions longues demandent une préparation plus minutieuse : on n’emmène pas les mêmes affaires , on ne part pas avec la même mentalité.

Ces missions concernent des associations qui vont s’installer pour plusieurs mois, ou bien une personne envoyée par une entreprise (en stage), un journaliste, une infirmière, un médecin, un spécialiste en agriculture, un étudiant en travail de thèse etc… Toute personne amenée à partir plusieurs mois voire plusieurs années.

A déconseiller : partir pour longtemps alors qu’on n’est jamais allé en Afrique. Il vaut mieux partir 15 jours pour voir le terrain avant de prendre une décision.

Les démarches sont plus simples lorsqu’il s’agit de membres d’une association, habitués à se rendre sur place régulièrement lors de courtes missions : ils connaissent les lieux, ils ont des habitudes et de bonnes adresses.

Pour les néophytes, les préparatifs sont plus compliqués. Il est indispensable de prendre contact avec les associations qui travaillent localement, obtenir de l’association qui envoie la personne d’avoir une feuille de route très précise, récupérer énormément d’adresses et de numéros de téléphones. Il faut également voir son médecin pour faire le point sur les pathologies locales (et comment s’en préserver) mais également faire le point sur ses propres soucis de santé. Si la personne est envoyée par une ONG, cette dernière en général s’occupe de préparer le candidat au voyage. Ce n’est pas le cas partout.

(Copyright photos : JP Fouilloux, A. Chalamon)